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— Organiser la durabilité par l'environnement et l'équité, dans laquelle les citoyens jouent un rôle actif. C'est ce qui apparaît évidemment préférable du point de vue social et écologique mais exige de consacrer beaucoup de temps à la coopération entre acteurs.
Et le rapport prévient que, dans tous les cas, "le changement climatique et la perte de biodiversité resteront des défis significatifs".
Je ne sais si la synthèse de presse reflète fidèlement le rapport (téléchargeable à présent sur ce site), voilà qui paraît clair, ordonné, argumenté. Essayons de mieux comprendre pourtant:
1. L'hypothèse sécuritaire est hors sujet puisqu'elle exclut toute politique écologique. Pourtant désordres civils et menaces internationales sont bien réels et personne ne voit comment ils pourraient cesser dans un avenir prévisible. En un mot donc, trois scénarios imaginaires sont envisageables une fois qu'on s'est affranchi de toute réalité. Et d'un.
2. La privatisation du monde est en fait liée à l'exclu précédent, puisqu'un monde privatisé privatisera tout sauf la lutte politique et militaire contre les périls et les menaces internationales, du ressort des États et parfois de l'ONU. Ils leur fourniront cependant armements et milices. Il est donc également hors sujet. Et de deux.
3. Nous rêvons tous du dernier scénario, durabilité, environnement et équité. Mais il est si angélique, si redoutablement abstrait qu'il deviendrait criminel de s'en servir de façon purement incantatoire et hypnotique pour laisser en fait les coudées franches au tandem précédent. Et de trois?
4. Il ne reste donc qu'un avenir dans les faits, c'est celui de l'inévitable et difficile pas de deux entre économie de marché et réglementations diverses. Là est la rose et là il faut danser. Ce qui existe déjà, se fait un peu, germe un peu partout, y compris dans les plans onusiens du PNUE. Le seul avenir envisageable serait d'ailleurs un peu plus précis et, en attendant de disposer du rapport complet, curieusement, la synthèse du Monde n'en dit mot: cette voie médiane ne peut exister que dans le cadre d'un marché du réchauffement climatique. Autrement dit, notre seule chance, si l'on peut dire, réside dans le développement de recherches scientifiques, de technologies innovantes, et surtout à très court terme d'industries du climat qui dépasseront les faux gadgets genre éoliennes. Comme nous sommes fort mal partis pour que ces industries soient publiques, elles ne se développeront que si, à leur tour, elles se transforment en sources de profits. Ce serait somme toute un avenir encore assez rose si l'industrie proprement financière laissait un peu de temps à ces processus. Ce qui est loin de tomber sous le sens.
Cet amour de dilection n'abolit pas le lien biologique, et les deux peuvent évidemment se renforcer mutuellement. L'ignorance du second peut devenir dramatique. En témoignent les recherches éperdues de certains enfants adoptés pour retrouver leur père et ou leur mère biologique. De la même façon, cet amour d'adoption ne supprime pas la nécessité pour tout enfant de pouvoir s'identifier à son père et à sa mère. C'est un autre débat.
Mais la famille humaine n'est pas une affaire d'engendrement. Son élément nourricier est aussi et d'abord celui de la parole engagée par l'homme et la femme qui l'ont fondée. Elle repose sur un pacte de confiance et d'amour. Le recours à des tests ADN pour établir une preuve en matière de filiation est toujours le signe que la confiance et l'amour ont disparu. Qu'on le veuille ou non, cette parole reste une parole de mort. Dans le domaine des relations personnelles, il est une forme de savoir scientifique qui peut tuer la connaissance vivante, celle qui repose sur le respect mutuel et la parole donnée. En cas de malheur, car cette situation est un malheur, la justice peut exiger par ce moyen matériel qu'un homme reconnaisse qu'il est le géniteur d'un enfant et qu'il remplisse ses devoirs économiques envers celui-ci. Mais chacun comprend qu'une "paternité" établie de cette manière est bien pauvre.
PARTIR POUR SURVIVRE. — L'immigration, de son côté, constitue aussi un malheur. Pour en avoir souvent parlé avec mes frères évêques d'Afrique, elle est un malheur pour le pays qui perd ses éléments les plus dynamiques. Elle l'est aussi pour les gens qui doivent partir pour survivre. Et elle crée, dans un premier temps, un vrai problème pour les pays qui les accueillent. Enfin tout le monde peut comprendre que l'émigration économique ne peut pas être une solution durable. Le développement des pays pauvres est une nécessité. L'Union européenne, donc la France, est confrontée, pour longtemps, à une vraie contradiction. Il n'y a pas de réponse simple à cette immense question.
Pour autant, l'idée d'introduire le recours à des tests ADN en matière de regroupement familial ne me paraît pas recevable. L'émotion soulevée par l'article d'un projet de loi est tout à fait compréhensible. On ne touche pas impunément à la famille, car elle constitue le noyau symbolique le plus intime et le plus précieux de l'humanité. Je ne sais pas combien d'abus cette disposition permettrait d'éviter.