Les malheurs d'un quidam — qui ne devrait plus intéresser personne puisque rien, ni les espoirs d'une partie des Français, ni ceux qui en Grèce ou ailleurs croyaient en sa magie personnelle, ne l'a vraiment jamais intéressé non plus —, sont pour la gauche une chance historique qu'il incombe au parti socialiste, force incontournable aujourd'hui du changement légal, de saisir au plus tôt.
Les sources réelles du dommage ne sont pas dans tel égarement ou crime individuel, mais dans le fait que ce parti s'est soumis, et avec lui une bonne partie des Français, à l'attente de la décision providentielle d'un homme censé être le meilleur pour remporter la mise et, par bonheur, éliminé avant la campagne présidentielle ou, pire, avant une immunisante «victoire».
Remporter contre qui? Contre la droite au pouvoir? Contre la droite extrême qui la talonne et nous menace? Non, et là est la vraie racine à arracher d'urgence: d'abord et avant tout contre d'autres socialistes, les meilleurs en plus, qui, malgré le tiers exclu, ne renoncent pas à être moins à se déchirer bientôt en public, en nous tenant à peu près ce commun langage: «Écoutez-nous, les amis, des trois ou quatre programmes, si différents qu'on va se chamailler par tous les moyens devant vous, chacun va vous montrer que seul le sien est le bon, et que les autres ne valent rien. Nous allons nous critiquer publiquement et nous ridiculiser mutuellement et après, pour un euro, tous, de droite ou de gauche, vous direz au parti socialiste qui vous aura fait le moins (ou le plus) rire. Ce sera forcément quelqu'un de gauche puisqu'on l'est tous. Et ce sera forcément démocratique puisque c'est vous qui aurez décidé qui et quoi. Régalez-vous à présent. Pardon: Enjoy!».
Tous ceux qui veulent que notre pays soit gouverné autrement comprendront — espèrent peut-être — que la circonstance extraordinaire puisse amener le parti socialiste à un profond changement. En lieu et place des soi-disant délais de décence, il doit au plus tôt rejeter clairement la logique suicidaire des primaires, ramener à la maison ses meilleurs dirigeants égaillés chacun pour leur compte à se déconsidérer les uns les autres, afin qu'ils participent ensemble —, avec d'autres forces et alliés si possible —, à la construction de leur projet commun. Ces options clarifiées, il lui sera beaucoup plus aisé de désigner en son sein celui ou celle chargé de les présenter et de les incarner après la victoire. Sinon, pour la troisième fois et au fond pour les mêmes raisons: «Dites-nous ce que vous voulez qu'on fasse (l’extraordinaire farce «participative» de 2007), dites-nous qui vous plaît, on s'occupe du reste: perdre», ce sera bien la gauche qui aura perdu toute seule et probablement dès le premier tour, où — dommages moraux actuels et division affichée aidant — s'affronteront les deux droites dans l'ordre d'arrivée qu'on devine.
© Big Mac, le plus célèbre des sandwiches de McDonald's.