Mal nommer
un objet, c'est ajouter

au malheur de ce monde.

Albert Camus.


mercredi 6 octobre 2010

Colette Renard: Les nuits d'une demoiselle



Le texte et l'enregistrement de cette chanson de Colette Renard, décédée aujourd'hui 6 octobre 2010, font partie des cinq premiers textes publiés dans Ralentir travaux, dans la section Anthologie légère, restée jusqu'à ce jour l'une des seules à avoir conservé la première présentation des pages intérieures de notre site, et sans doute la plus cachée. Ce texte, Les Neuf portes de ton corps de Guillaume Apollinaire, Baise m'encor de Louise Labé et La Blanche Aminte de Victor Hugo (enregistrements 9 et 12: Colette Magny) et la petite correspondance codée entre George Sand et Alfred de Musset, rejoignent aujourd'hui notre dossier Penser par images et par sons.

Les nuits d'une demoiselle

Que c'est bon d'être demoiselle
Car le soir dans mon petit lit
Quand l'étoile Vénus étincelle
Quand doucement tombe la nuit

Je me fais sucer la friandise
Je me fais caresser le gardon
Je me fais empeser la chemise
Je me fais picorer le bonbon

Je me fais frotter la péninsule
Je me fais béliner le joyau
Je me fais remplir le vestibule
Je me fais ramoner l'abricot

Je me fais farcir la mottelette
Je me fais couvrir le rigondin
Je me fais gonfler la mouflette
Je me fais donner le picotin

Je me fais laminer l'écrevisse
Je me fais fouailler le cœur-fendu
Je me fais tailler la pelisse
Je me fais planter le mont velu

Je me fais briquer le casse-noisettes
Je me fais mamourer le bibelot
Je me fais sabrer la sucette
Je me fais reluire le berlingot

Je me fais gauler la mignardise
Je me fais rafraîchir le tison
Je me fais grossir la cerise
Je me fais nourrir le hérisson

Je me fais chevaucher la chosette
Je me fais chatouiller le bijou
Je me fais bricoler la cliquette
Je me fais gâter le matou

Et vous me demanderez peut-être
Ce que je fais le jour durant
Oh! cela tient en peu de lettres
Le jour, je baise, tout simplement.

L'enregistrement.

© Photographie: Colette Renard, Studio Jacques Vauclair (1956-1961).