Mal nommer
un objet, c'est ajouter

au malheur de ce monde.

Albert Camus.


samedi 9 février 2008

André Malraux, 3 juin 1956 / L'archevêque de Cantorbéry, 7 février 2008




"C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. À l’origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir endiguer le courant par des solutions partielles. Ni le christianisme, ni les organisations patronales ou ouvrières n’ont trouvé la réponse. De même aujourd’hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l’islam. En théorie, la solution paraît d’ailleurs extrêmement difficile. Peut-être serait-elle possible en pratique si, pour nous borner à l’aspect français de la question, celle-ci était pensée et appliquée par un véritable homme d’État. Les données actuelles du problème portent à croire que des formes variées de dictature musulmane vont s’établir successivement à travers le monde arabe. Quand je dis “musulmane”, je pense moins aux structures religieuses qu’aux structures temporelles découlant de la doctrine de Mahomet. Dès maintenant, le sultan du Maroc est dépassé et Bourguiba ne conservera le pouvoir [auquel il venait alors d'accéder pour la première fois le 14 avril 1956, comme premier ministre, NDLR] qu’en devenant une sorte de dictateur. Peut-être des solutions partielles auraient-elles suffi à endiguer le courant de l’islam, si elles avaient été appliquées à temps… Actuellement, il est trop tard! Les “misérables” ont d’ailleurs peu à perdre. Ils préféreront conserver leur misère à l’intérieur d’une communauté musulmane. Leur sort sans doute restera inchangé. Nous avons d’eux une conception trop occidentale. Aux bienfaits que nous prétendons pouvoir leur apporter, ils préféreront l’avenir de leur race. L’Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce processus. Tout ce que nous pouvons faire, c’est prendre conscience de la gravité du phénomène et tenter d’en retarder l’évolution". André Malraux, le 3 juin 1956, transcription sténo par Élisabeth de Miribel, source: Institut Charles de Gaulle. Publié dans Valeurs Actuelles n° 3395, 21 décembre 2001.


L'archevêque de Cantorbéry, qui, du haut de sa réputation de "progressiste" [un prêtre obtient cette cooptation par les autres progressistes de la société civile dès qu'il se prononce en faveur du mariage homosexuel, de l'ordination des femmes, et qu'il a quelques bonnes paroles contre la pauvreté, et pour
Al-Qaîda, qui a "de vrais objectifs moraux"], déclare le 7 février 2008 que l'adoption pour partie de la charia dans la législation britannique est "inévitable", et précise:
"Il est possible de trouver ce qui serait un arrangement constructif avec certains aspects de la loi islamique [le compte-rendu du Monde du 9 février 2008 précise: divorce, garde des enfants, héritage, et donc en clair: répudiation, garde au père des fils, violences conjugales banalisées, dépendance économique des femmes — "Aux mâles portion semblable à celle de deux filles" prescrit la sourate "Les Femmes" — et, en ligne de mire, la légitimation des châtiments corporels et des pratiques mutilantes] comme nous le faisons déjà avec des aspects d'autres lois religieuses" [allusion de mauvaise foi à l'existence en Angleterre de cours d'arbitrage pour juifs orthodoxes, mais sans aucune valeur légale, et silence opportun sur l'existence de telles cours musulmanes à Londres depuis 1982], cet archevêque connaît-il cet homme, Malraux, à qui on a fait souvent dire que le XXIe siècle serait religieux ou ne serait pas? Est-ce donc cela que Malraux voulait dire? Sait-il seulement, cet archevêque, quels hommes, quelles femmes, quels enfants, combien de musulmans et musulmanes, premières et massives victimes résignées, ou en lutte, en Grande-Bretagne et dans toute l'Europe, et dans tous les pays déjà soumis à ces tyrannies, pour avoir droit à une seule loi pour tous, aux libertés de presse, d'opinion, de mœurs familiales et civiles, démocratiques, à l'égalité des femmes, ce leader anglican trahit ainsi, abandonne et condamne à mort aux mains de minorités, agissant ainsi sous nos yeux en toute impunité, et grandissant aujourd'hui au pays de l'habeas corpus avec le fraternel encouragement de son autorité religieuse?