Mal nommer
un objet, c'est ajouter

au malheur de ce monde.

Albert Camus.


lundi 5 janvier 2009

Du courage pour chaque jour


Proposer l'accès au site de
La Paix Maintenant (haut de la colonne de gauche) ne signifie pas que, ici, nous souscrivons à tous les articles qui y sont publiés. Il s'agit simplement d'approfondir notre perception des convictions à l'œuvre en Israël et en Palestine, car des liens historiques anciens existent entre ces deux peuples au sein de cette organisation.

Les bombardements, l'offensive terrestre sont toujours détestables, et doivent, autant que possible, être évités, ou dépassés au plus tôt. Les solutions politiques restent le seul horizon possible. C'est même pourquoi les événements actuels ne nous paraissent pas une démonstration délibérée de force ou de puissance de la part de l'État d'Israël, mais plutôt le résultat de plusieurs contraintes qui s'exercent sur lui et au sein de son peuple, et qui risquent de ne pas se conjuguer facilement avec l'ouverture et la lucidité.

Force est de constater, d'abord, que le monde réel musulman n'a jamais accepté la légitimité de cet État, et que ce refus est renforcé de façon décisive par la politique diplomatique et militaire iranienne, en discours et en actes, et ses relais régionaux du
Hezbollah, dont il n'est pas exclu qu'il ouvre un second front au nord dans les circonstances présentes, et du Hamas, dont la raison d'être proclamée et poursuivie est la destruction d'Israël, jusqu'à révision au moins de sa Charte (ici son texte in extenso), dont il serait imprudent de minimiser l'importance.
Qui prend sa patience à deux mains pour la lire y trouvera à l'article 7:
Ainsi, bien que les épisodes soient séparés les uns des autres, la continuité du jihad se trouvant brisée par les obs­tacles placés par ceux qui relèvent de la constellation du sio­nisme, le Mouvement de la Résistance Islamique aspire à l'accomplissement de la promesse de Dieu, quel que soit le temps nécessaire. L'Apôtre de Dieu — que Dieu lui donne bénédic­tion et paix — a dit: "L'Heure ne viendra pas avant que les mu­sulmans n'aient combattu les Juifs (c'est à dire que les musul­mans ne les aient tués), avant que les Juifs ne se fussent ca­chés derrière les pierres et les arbres et que les pierres et les arbres eussent dit: 'Musulman, serviteur de Dieu! Un Juif se cache derrière moi, viens et tue-le. Un seul arbre aura fait exception, le gharqad [sorte d'épineux] qui est un arbre des Juifs".
Ou plus clairement encore dans l'article 13: "
Il n'y aura de solution à la cause palestinienne que par le jihad. Quant aux initiatives, propositions et autres confé­rences internationales, ce ne sont que pertes de temps et activités futiles. Le peuple palestinien a trop d'honneur pour dilapider son avenir, son droit et son destin en activités futiles".

Ensuite, s'il faut s'interroger sur la responsabilité de la politique israélienne dans cette évolution mais aussi sur nos intérêts économiques et sur nos évolutions démographiques depuis vingt ans, les pays occidentaux nuancent pour le moins leurs liens historiques avec Israël, au risque de fermer les yeux sur la nucléarisation de l'Iran par exemple, ou de renvoyer le négationnisme à des formes de la liberté d'expression. Sans oublier ni
les dérives d'un monde travaillé par toutes les modes, de prescripteurs d'opinion, journalistes, universitaires et hommes de lettres boycottant précisément les universités et écrivains israéliens, milieux les plus ouverts aux Palestiniens et à leurs droits, ou préférant courir aux réceptions du président poète libyen; ni les fourvoiements d'associations qui utilisent à sens unique antiracisme et droits de l'homme et se rendront en chœur en avril prochain à Genève pour un Durban-2 que tout annonce comme sinistre. Sinistres encore, c'est le cas de le dire, les étranges collusions entre milieux et milices d'extrême-droite et ultras, de gauche autoproclamés, qui achèvent souvent de dévoyer le sens affiché des manifestations populaires les mieux intentionnées.
Enfin, il convient de garder à l'esprit que, dès aujourd'hui, un Israélien sur quatre est arabe: un million et demi de citoyens dont le soutien au
Hezbollah durant la guerre de 2006 fut évident à tous; et que la proche évolution démographique (compte non tenu d'un éventuel droit au retour), conduit dans les cinq ans, à une majorité d'Arabes sur les terres du Jourdain à la Méditerranée, puis dans les vingt ans en Israël lui-même.

Refusons obstinément la guerre des images. Instruisons-nous chaque jour, lisons, questionnons-nous vraiment, réfléchissons, avant de nous emporter sur commande au gré d'opinions ambiantes ou dominantes, ou de nous figer en postures morales sans conséquences immédiates sur nos vies réelles et puis d'aller nous coucher, comme le dit si bien Amos Oz. En chair et en os, les gens de
La Paix Maintenant nous montrent au moins cela: eux, acteurs en première ligne, tentent, au sein même du conflit et à quotidien prix d'existence, de conserver leur sang-froid, leurs lucidités, leurs espérances.

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