Mal nommer
un objet, c'est ajouter

au malheur de ce monde.

Albert Camus.


jeudi 1 janvier 2009

Philippe Méziat: vingt ans de travail

Philippe Méziat est le directeur du Bordeaux Jazz Festival qui aura cette année offert à sa ville sa huitième et ultime édition. Après la fin du fameux Sigma, le jazz était à affirmer et à réintroduire à Bordeaux. Philippe Méziat s'y attela dès 2001 avec des musiciens du calibre de Sophie Domancich, Stephan Oliva, ou Hélène Labarrière. Au fil des années, Richard Galliano, Eddy Louiss, Joëlle Léandre, Michel Portal, Louis Sclavis, Martial Solal, Baptiste Trotignon, Franck Carlberg, Vincent Courtois et tant d'autres peuplèrent la scène de Bordeaux, d'une façon devenue à la fois familière et indispensable. Mais cette année, où Bordeaux s'est donné des façons de Brooklyn, aura malheureusement été la dernière: "l'édition la plus belle et la plus heureuse depuis la fondation du Festival... Le temps est venu de résister ailleurs, mais autrement".
Vous l'avez déjà lu dans nos pages, Philippe Méziat réunit ici [dans son site désormais, depuis le 20 mai 2009] un ensemble d'écrits sur les musiciens du jazz et sur ses événements (concerts, disques, livres et documents). Voilà qu'il vient de prendre le temps de rédiger pour notre site la chronique des années 1994-2008, poursuivant ainsi un article qu'il avait publié aux Cahiers du Jazz en 1994, sur les années 1988-1993. Bien entendu, les amateurs bordelais retrouveront non sans nostalgie des noms connus, leurs lieux familiers pour la plupart disparus ou revisités. Mais plus généralement, cette chronique laisse aussi entrevoir et mesurer depuis combien de temps il est nécessaire et pressant de s'interroger sur les politiques publiques en matière de musique, sur ce qu'on peut appeler un public et espérer de lui, sur l'énigme même de l'ère du jazz. Il se trouve que c'est de Bordeaux que nous est offerte cette occasion d'illustrer cette fameuse phrase de Miguel Torga (deux notes de lecture ici sur cet écrivain portugais): "L'universel c'est le local moins les murs".