Tout était simple au fond. L'ancien président américain était durablement désastreux: guerres, refus du protocole de Kyoto, passivité pour le moins sur le théâtre du Moyen-Orient, bref, le Président de rêve ou de cauchemar, sur qui tous les leaders, toutes les opinions publiques du monde pouvaient commodément se décharger: que peut-on faire, nous, si l'Amérique ne fait rien?
Sur les trois points que nous avons ici toujours soulignés, globalement absents de nos présidentielles et évoqués plus clairement, bien que de façon rhétorique encore, lors des présidentielles américaines, les événements ont violemment forcé l'histoire et, pour les deux premiers — peut-être même pour les trois par chez nous, les experts en climatologie en discutent —, se sont déployés dans toute leur force durant la période de transition justement:
— les problèmes posés par la mondialisation financière, où la responsabilité américaine est fondamentale, ont éclaté en crise économique de grande ampleur;
— le conflit du Moyen-Orient a pris plus terrible tournure;
— les dérèglements climatiques s'imposent de plus en plus clairement dans la vie quotidienne du globe.
Il faut rendre cette justice à Barack Obama que là-dessus, en huit jours à peine, il a déjà posé les premiers gestes, ou dit au moins les premiers mots. Mais ne nous méprenons pas: Barack Obama est et demeurera d'abord, et peut-être seulement, le président des États-Unis et ce sera très bien ainsi. Ce qui, vu d'ici, peut nous arriver de mieux, c'est qu'il nous dissuade très vite d'attendre de lui ce cinéma — selon le mot d'ouverture du Mépris faussement attribué par Jean-Luc Godard à André Bazin, mais c'est une autre histoire — d'un monde accordé à nos désirs, et qu'il s'occupe au plus tôt du grand chantier américain:
— s'appuyer sur les grandes ressources de son pays pour réagir avec force et rapidité (relative) aux défis économiques immédiats, et parions ici — histoire de demeurer joueur — que, si c'est possible, les USA y parviendront bien avant nous;
— insérer, comme il le cherche manifestement déjà, le processus de paix israélo-palestinien dans une stratégie de sécurité nationale qui implique de s'adresser autrement à tous ces pays, arabes et/ou islamiques qui, tout aussi commodément que nous, excellent dans l'art de mettre hors de vue leurs dictatures et leurs iniquités, au constant prétexte qu'ils seraient surtout menacés par les Américains et leurs alliés israéliens sans autre examen de démons plus intimes (1);
— les problèmes posés par la mondialisation financière, où la responsabilité américaine est fondamentale, ont éclaté en crise économique de grande ampleur;
— le conflit du Moyen-Orient a pris plus terrible tournure;
— les dérèglements climatiques s'imposent de plus en plus clairement dans la vie quotidienne du globe.
Il faut rendre cette justice à Barack Obama que là-dessus, en huit jours à peine, il a déjà posé les premiers gestes, ou dit au moins les premiers mots. Mais ne nous méprenons pas: Barack Obama est et demeurera d'abord, et peut-être seulement, le président des États-Unis et ce sera très bien ainsi. Ce qui, vu d'ici, peut nous arriver de mieux, c'est qu'il nous dissuade très vite d'attendre de lui ce cinéma — selon le mot d'ouverture du Mépris faussement attribué par Jean-Luc Godard à André Bazin, mais c'est une autre histoire — d'un monde accordé à nos désirs, et qu'il s'occupe au plus tôt du grand chantier américain:
— s'appuyer sur les grandes ressources de son pays pour réagir avec force et rapidité (relative) aux défis économiques immédiats, et parions ici — histoire de demeurer joueur — que, si c'est possible, les USA y parviendront bien avant nous;
— insérer, comme il le cherche manifestement déjà, le processus de paix israélo-palestinien dans une stratégie de sécurité nationale qui implique de s'adresser autrement à tous ces pays, arabes et/ou islamiques qui, tout aussi commodément que nous, excellent dans l'art de mettre hors de vue leurs dictatures et leurs iniquités, au constant prétexte qu'ils seraient surtout menacés par les Américains et leurs alliés israéliens sans autre examen de démons plus intimes (1);
— mettre, comme il l'a déjà dit et commencé à le montrer, la politique environnementale au cœur de sa stratégie de redressement économique et politique, ne serait-ce qu'en autorisant enfin la Californie et treize autres États de l'Union à promulguer des lois et normes plus contraignantes que les lois fédérales et mondiales, afin qu'ils puissent demeurer parmi les États les plus attentifs et efficaces de la planète en la matière.
Même si la charge historique mondiale de l'événement demeure immense, les Américains n'ont tout de même pas élu leur Président pour fournir au monde entier une Providence. Et c'est peut-être là que réside le meilleur du changement. Si nous voulons croire qu'Obama soit notre miracle, nous entendrons bientôt pointer l'air de la "déception". Mais, même s'il est très employé en ce moment, ce mot n'a rien à faire dans la langue du politique, art du possible. Le seul miracle — God bless us — serait que, désormais, nous cessions de brandir l'excuse de la politique américaine pour nous dispenser d'ouvrir ici, en France et en Europe, de véritables horizons économiques, stratégiques et écologiques. Et si nous le pouvions?
1. Nous finissons à peine de rédiger cette note que nous recevons de La paix maintenant, le texte intégral d'un long entretien accordé par Barack Obama à la chaîne Al-Arabyia, le 26 janvier dernier, sur le conflit israélo-palestinien, l'Iran et le monde arabe, dans une traduction de Gérard Eizenberg, et qui confirme notre intuition, au-delà de toute espérance. À lire donc, à tête reposée.
Image: © Tempête, 25 janvier 2009, auteur non identifié, tous droits réservés.
Même si la charge historique mondiale de l'événement demeure immense, les Américains n'ont tout de même pas élu leur Président pour fournir au monde entier une Providence. Et c'est peut-être là que réside le meilleur du changement. Si nous voulons croire qu'Obama soit notre miracle, nous entendrons bientôt pointer l'air de la "déception". Mais, même s'il est très employé en ce moment, ce mot n'a rien à faire dans la langue du politique, art du possible. Le seul miracle — God bless us — serait que, désormais, nous cessions de brandir l'excuse de la politique américaine pour nous dispenser d'ouvrir ici, en France et en Europe, de véritables horizons économiques, stratégiques et écologiques. Et si nous le pouvions?
1. Nous finissons à peine de rédiger cette note que nous recevons de La paix maintenant, le texte intégral d'un long entretien accordé par Barack Obama à la chaîne Al-Arabyia, le 26 janvier dernier, sur le conflit israélo-palestinien, l'Iran et le monde arabe, dans une traduction de Gérard Eizenberg, et qui confirme notre intuition, au-delà de toute espérance. À lire donc, à tête reposée.
Image: © Tempête, 25 janvier 2009, auteur non identifié, tous droits réservés.